Arrivée à la Réunion lorsque j’étais bébé, j’ai toujours entendu les gens parler le créole réunionnais autour de moi. Les premières à s’être adressées à moi en créole, sont mes nénènes (nounous). Puis, lorsque je suis entrée à l’école maternelle, les « taties » qui aidaient les maîtresses et mes petits camarades parlaient tous en créole. Un peu plus grande, lorsque j’allais acheter du pain ou des légumes, les commerçants s’adressaient aussi à moi en créole…
Le français, que je parlais avec mes parents et les enseignants, et le créole, que j’utilisais avec mes amis, m’étaient aussi familiers l’un que l’autre.
Cela ne me gène absolument pas qu’une conversation commence en français et se termine en créole ou que celle-ci soit ponctuée de mots ou d’expressions en créole. En fait, je n’y fais même plus attention ! Pour tout avouer, il m’arrive de faire la même chose en parlant à des amis ou à mon mari !
Evidemment au premier abord, les gens qui ne me connaissent pas, pensent que je suis une « Zoreil » fraîchement débarquée qui ne connaît pas un mot de créole réunionnais. Du coup, pendant une conversation en français, ils leur arrivent de se parler entre eux en créole, pensant que la « Zoreil » n’est pas capable de comprendre ce qu’ils disent.
Quelle n’est pas leur surprise lorsque je m’adresse à eux en créole ! Ils réalisent alors que j’ai suivi toute leur conversation !
En plus de la page sur les mots et expressions en créole, je vous ai préparé une petite page pour en apprendre un peu plus sur le créole à la Réunion.
Et pour vous donner un petit avant goût du créole, regardez cette vidéo :
Alors ? Avez-vous compris ce qu’a dit l’épicier ?
Bonjour que signifie T’ait pardon ?
Que signifie piouk
L’HABITATION, BERCEAU DES SOCIÉTÉS CRÉOLES
Avec l’avènement du café, la société
bourbonnaise du début du 18e siècle
s’organise autour des « habitations »,
ou « plantations ». Ce sont ici des
exploitations mixtes produisant du
café, des cultures vivrières et bientôt
des épices. Beaucoup d’entre elles
pratiquent aussi l’élevage. Un siècle
plus tard, à partir de de1815, la
canne à sucre deviendra la culture
principale de Bourbon.
L’habitation, cellule économique, est aussi une cellule sociale repliée sur elle-même
et placée sous la tyrannie d’un propriétaire blanc. L’esclave est son principal moyen
de production. Il s’agit, dit-on, d’un isolat économique et humain. On la décrit
comme une pyramide au sommet de laquelle le planteur Blanc, propriétaire des
terres, voit son pouvoir s’étendre sur les personnes qui y vivent : esclaves,
encadrement, famille du planteur. À l’intérieur de cette pyramide, toute mobilité
sociale est exclue.
Cette « institution totale » est considérée comme le berceau des sociétés créoles.
On lui doit en effet d’avoir moulé des rapports sociaux originaux entre les esclaves
et leurs maîtres, et d’être notamment à l’origine de la langue créole.
/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
CRÉOLISATION
Chaque habitation rassemble et enclave en son sein des individus originaires de
géographies éloignées et rattachés à des mémoires différentes: son « propriétaire»,
ses commandeurs blancs, des esclaves d’origines diverses. L’organisation de leur
vie commune les met dans l’obligation d’établir des arrangements sociaux indispensables à leur cohabitation. Ce mécanisme appelé Créolisation est décrit par
l’universitaire martiniquais Gerry l’Etang comme étant un processus d’interaction et
d’hybridation des traits culturels déterritorialisés, adaptés/adoptés, hérités et inventés
en contexte “plantationnaire” 3. Il fonde les sociétés créoles.
Texte extrait du « Panthéon de la Créolie »Editions du boucan
Merci, pour votre contribution !