Pour continuer dans la série « Melba, mon chien sauveteur« , voici l’histoire de trois p’tits bouts qui occupent mes jours et mes nuits depuis deux mois. Fatigue et manque de temps expliquent mon absence sur le blog… Mais maintenant que les bébés ont grandi, je retrouve des nuits complètes (bien qu’encore trop courtes à mon goût) et un peu de temps pour faire autre chose que pouponner.
Tout à débuté mi-octobre. Grippée, je ne cours plus depuis près d’une semaine, mais je continue les longues promenades matinales avec Melba, histoire de nourrir nos petits habitués, qui attendent leurs croquettes et remercient la chienne avec des câlins. D’ailleurs, c’est Melba qui porte le ravitaillement, réparti dans deux sacoches.
C’est toujours très surprenant de voir des chats errants se frotter à un chien et je me retiens de sourire en lisant l’étonnement sur les visages de ceux qui assistent à la scène.
Donc nous marchions tranquillement à destination de notre dernier lieu de nourrissage lorsque Melba et moi entendons des miaulements. Pas de doute, ce sont des chatons. Mais où sont-ils ? Le soleil n’est pas encore levé, je suis sous un pont sur lequel la circulation est dense. Bref, il fait noir et il y a du bruit. Mais Melba se dirige droit sur eux et me montre même du bout de sa truffe, un chaton éloigné des autres. Car, sous ma lampe torche apparaissent trois chatons, que quelqu’un a mis dans une boîte à chaussures (dont le couvercle a été percé) et abandonné là, sous le pont, dissimulés derrière le pilier. Les chatons, qui miaulent à qui mieux mieux, sont parvenus à soulever le couvercle et l’un d’eux rampe sur les graviers. Je le remets avec sa portée et constate qu’ils ont tous leur cordon ombilical. Des nouveaux-nés tout juste retirés à leur mère ! Je ne sais même pas s’ils ont eu le temps de prendre le colostrum.
J’hésite. Dois-je rentrer tout de suite à l’appart avec eux ou continuer – en les emmenant avec moi, évidemment – mon chemin ? Il ne me reste qu’un groupe de chats à nourrir et je sais qu’ils m’attendent. J’opte pour la seconde solution, car même si je rentrais directement, je ne serais guère avancée pour les nourrir. Je n’ai pas de lait maternisé à l’appart et la clinique qui ouvre le plus tôt dans le coin, ne le sera que dans deux heures. Après voir renfermé tout ce petit monde dans la boîte, je reprends ma route en leur parlant doucement pour les rassurer. Comme il y a du vent, j’utilise mon écharpe pour protéger la boîte et son précieux contenu. La colère me noue le ventre. Qui a été assez lâche pour leur faire cela ? Les séparer de leur mère dont ils ont un besoin vital ? Les laisser dans une boîte facile à ouvrir, posée sur le trottoir, à la merci de la faim, de la fraîcheur de la nuit, d’une personne malveillante ou de chiens errants affamés ?
De retour à l’appart, j’installe tout ce petit monde dans une boîte de transport tapissée de polaires et j’inspecte d’un peu plus près les chatons : leurs yeux sont fermés, leurs oreilles repliées et le cordon présent. Bref, tout cela me confirme que quelqu’un a retiré ces chatons à peine nés à leur mère. Il y a deux femelles (une tigrée et une tricolore) et un mâle blanc et noir. En attendant de pouvoir les nourrir, je les stimule pour les aider à faire leurs besoins et veille à ce qu’ils soient bien au chaud (les chatons ne peuvent pas réguler leur température et ont besoin de la chaleur de leur mère).
Avec ma fille, nous nous rendons à la clinique dès son ouverture pour nous procurer du lait. Les chatons avalent goulûment leur repas et s’endorment. Je profite des deux heures qu’il me reste avant le prochain repas pour passer à l’animalerie acheter une lampe infra-rouge. La journée s’écoule entre biberons et stimulations. Les trois chatons vont bien.
Mais le lendemain, en allant les voir, l’un des chatons – le petit mâle – va mal. Il est tout mou, amorphe et refuse de téter. De nouveau, je me pointe à la clinique dès son ouverture. Mais la vétérinaire n’est guère optimiste quant à son espérance de vie. Et en effet, le petit mâle s’endormira définitivement deux heures plus tard. Pour moi, c’est un coup de poignard dans le coeur. Je suis effondrée et je culpabilise. Je suis aussi terriblement en colère contre celui qui a séparé les chatons de leur mère. Mais je n’ai pas le temps de m’apitoyer, les deux petites ont besoin de moi et je refuse qu’elles suivent le même chemin que leur frère. Elles sont très fragiles et réclament beaucoup d’attention. Chaque jour qui passe est une petite victoire. Mais chaque nuit je m’inquiète pour elles et la journée, je refuse de quitter l’appartement, craignant de m’absenter. Attention, chatons sous haute surveillance !
Leur cordon tombe trois jours plus tard, leurs yeux s’ouvrent huit à dix jours après leur naissance. Elles ont un regard étonné sur le monde qui les entoure et en particulier sur leur « maman ». Leurs petites oreilles se redressent tout doucement.
Presque deux semaines après avoir trouvé la boîte à chaussures, en me rendant au lycée pour assister à la présentation du « projet conflore » auquel ma fille a participé, j’entends – depuis la voiture – les miaulements d’un chaton. Le petit crie tellement fort que je n’ai aucun mal à le localiser. Il se trouve dans l’arrière-cour en friche d’un centre d’animation. Au milieu des herbes folles et sous un soleil déjà ardent, une petite boule blanche miaule de toutes ses forces. Problème : on est samedi et le centre est fermé. Je n’ai pas d’autre choix que d’escalader le mur et d’enjamber la grille qui le surplombe pour récupérer le petit. Celui-ci se tait dès que je le prends dans mes mains et me regarde de ses magnifiques yeux bleus. Je cherche la mère, mais aucune chatte dans les parages. Le petit est maigre et il n’est pas normal qu’il soit hors de son nid, surtout que si jeune, il rampe encore. Sa mère est-elle morte ? A-t-il été jeté dans cette cour ? Quoiqu’il en soit, il a faim et il risque l’insolation et la déshydratation si je le laisse là. Sans compter qu’il pourrait tomber entre de mauvaises mains.
Et me voilà avec trois chatons. Deux petites d’à peine deux semaines et un petit mâle de trois ou trois semaines et demi.
Les biberons s’enchainent toutes les trois heures – de jour comme de nuit – les pesées du matin, les stimulations, les soins divers et les progrès psycho-moteurs aussi. Ils apprennent à se tenir debout (mais ça tangue), à s’asseoir, à faire quelques pas hésitants. Les petites dents de lait apparaissent et ils parviennent – enfin ! – à rétracter leurs griffes. Puis ce sont les premiers jeux sur le tapis, les courses poursuites maladroites, les sauts ratés, les premières ascensions de poteau griffoir et la découverte d’objets insolites : des balles à grelots, d’autres en papier, des souris… Avec beaucoup de perplexité, ils observent tout cela, l’air de se demander ce qu’ils doivent en faire.
Vanille – qui observe les chatons de loin depuis leur arrivée – a l’autorisation de passer du temps avec eux, une fois que tout le monde a atteint le poids leur permettant d’être vermifugé. Une aubaine ! Vanille se substitue à leur mère : elle les toilette, les stimule, leur montre comment laper et manger de la pâté puis des croquettes, que faire d’un bac à litière et comment jouer avec des balles et des souris en peluche. Les petits l’imitent. Vanille est une vraie petite maman, elle qui n’a jamais eu (et n’aura jamais) de chatons.
Le caractère de chacun d’entre eux commence à s’affirmer. Le petit mâle est un vrai glouton, qui après avoir eu du mal à passer du lait de sa mère au lait maternisé, s’excite en voyant le biberon et l’englouti en entier. Il est aussi très téméraire. La tricolore est plutôt indépendante et exploratrice. La tigrée, quant à elle, réclame câlins et gratouilles à tout bout de champ.
Toffee s’habitue tout doucement à leur présence. S’il est agressif au début, il finit par imiter Vanille et par veiller sur les chatons. Un vrai papa poule !
Léïa reste un peu impressionnée par les petits (c’est une vraie trouillarde). Ils ont la chance d’être trois, de pouvoir jouer entre eux et d’être entourés de jeunes chats adultes qu’ils prennent comme modèle. Léïa n’a pas eu cette chance. Elle était l’unique chaton de la portée et Mina, la vieille chatte (aujourd’hui disparue) n’a jamais voulu s’occuper d’elle.
Quand à Ivy, elle est égale à elle-même, c’est-à-dire agressive, malgré l’anti stress prescrit par le vétérinaire. En même temps, elle nous a fait le même coup à l’arrivée de Toffee et de Vanille. Elle se calmera avec le temps.
Comme pour Toffee et Vanille, le choix des noms des chatons a fait l’objet d’un vote (et de longs débats argumentés aussi…). Au final, les trois noms font référence à l’espace. La tricolore se nomme Nävis (personnage d’une bande dessinée de science fiction dont je suis totalement fan), la tigrée s’appelle Nova, et le petit mâle prend le nom d’une constellation : Orion.
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