Cimetière La Peste

Alors déjà, non, je ne suis pas obsédée par les cimetières en ce moment, un mois après l’article sur le Cimetière de l’Est, mais j’avais envie de continuer à vous faire découvrir ces lieux mal aimés.
Aujourd’hui, découverte d’un petit cimetière qui, s’il ne paie pas de mine au premier abord, a une histoire qui ne laisse pas indifférent. Car les cimetières aussi peuvent être les témoignages de l’histoire d’un lieu et d’une communauté.

Situé au niveau de l’entrée Est de Saint-Denis (sur le sentier littoral Nord, le long de la Nationale 2) le cimetière La Peste est – comme beaucoup de cimetières réunionnais – côtier. Ce choix d’implantation avait pour but d’éviter la contamination des nappes phréatiques.
Le mot « peste », qui sert à qualifier ce petit cimetière, est utilisé par les Réunionnais pour désigner deux épisodes importants et marquants de la Réunion : l’épidémie de grippe espagnole et celle de peste bubonique. La proximité temporelle des deux épidémies, explique ce raccourci.
L’anonymat des plaques nous rappelle que les tombes se trouvent être en fait des fosses communes.

Après la première guerre mondiale, les poilus originaires de la Réunion, reviennent sur leur île natale. Le 30 mars 1919, le vapeur « le Madona » accoste au Port de la Pointe des Galets. Mais les poilus ramènent avec eux un souvenir dont ce seraient bien passés les Réunionnais : la grippe espagnole.
La Réunion avait jusqu’alors été épargnée par ce virus qui s’est étendu à travers les continents via les voies maritimes. D’épidémie, la grippe espagnole est devenue pandémie.
Lorsque le Madona quitte la Réunion le 13 avril 1919, l’épidémie se déclare et atteint son pic à la fin du mois d’avril et au début du mois de mai 1919. Le virus se répand en suivant la ligne de chemin de fer, vers le sud (du Port de la pointe des Galets à Saint-Pierre) et vers le Nord, puis l’Est (Du Port de la Pointe des Galets jusqu’à Saint-Benoît en passant pas Saint-Denis).

A Saint-Denis, les victimes de la grippe espagnole sont nombreuses et sont, dans un premier temps, empilées au cimetière de l’Est où les fosses communes sont rapidement saturées. Pour éloigner toute source de contamination de la ville, le surplus de morts de l’épidémie est alors transféré et enfoui à l’écart, loin du centre ville de Saint-Denis, sur une parcelle d’un terrain dépendant du domaine du Chaudron et appartenant alors à Charles Moreau père. Cette solution permettra d’éviter une contamination générale de la population.
L’épidémie de grippe espagnole fera des ravages avec plus de 10.000 morts recensés.

Quelques années plus tard, en octobre 1926, le navire marchand « Ville d’Oran » accoste. A bord, une épidémie de peste bubonique s’est déclarée et des prisonniers sont réquisitionnés pour décharger les marchandises. Mais très vite, l’épidémie, transportée et transmise par les prisonniers, arrive à Saint-Denis. Elle est d’abord circonscrite à une demeure proche de la prison de Saint-Denis, avant de se répandre. Dès le mois de novembre les lieux publics sont fermés et les réunions de personnes, interdites.

Au cimetière La Peste, n’ont pas été inhumées que des victimes des deux épidémie. Ce site servait aussi, avant la départementalisation (le 19 mars 1946), à enterrer les condamnés qui, à cause de leurs crimes, ne pouvaient reposer dans le cimetière principal de Saint-Denis (le cimetière de l’Est).

Mais de nos jours, ce cimetière La Peste inquiète. Enterrées à même la terre, à la va-vite, dans des fosses communes, sans être identifiées, les âmes tourmentées des malheureuses victimes des épidémies hanteraient les lieux. On y trouve d’ailleurs des preuves de rituels et de visites de vivants à la recherche d’âmes en peine : offrandes d’alcool, fleurs, couteaux plantés dans les tombes.
Voici un petit film, qui montre à quel point ces croyances et les peurs liées à ce lieu sont encore vivaces de nos jours.

Sources :
* Cimetière La Peste
* Zinfos 974
* Paranormal 974

 

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